18e siècle — Les réformes de Vallière [1732] puis de Gribeauval [1765]
Ordonnance de 1732 : les réformes de Monsieur de Vallière
Malgré la réforme de Louvois, à la fin du règne de Louis XIV, l’artillerie française était composée de matériels très divers. Trois sortes de pièces (longues, moyennes et courtes), soit en bronze ou en fonte de fer, étaient en service pour chaque calibre. A cette pléthore viennent se greffer des normes qui différaient suivant les fonderies. A ces pièces viennent s’ajouter des mortiers, des obusiers de tous types ainsi que des pièces légères « à la suédoise ». Il en découle une confusion aussi grande dans les poudres, les projectiles et les voitures.
Les réformes de Monsieur de Vallière (1667-1759) portent aussi bien sur l’organisation des unités (création d’un Corps royal de l’artillerie), sur l’instruction et sur le matériel. Il réagit contre le nombre encore élevé de calibres et le réduit à cinq pour les canons (24, 16, 12, 8 et 4 livres), trois pour les mortiers (12,10 et 8 pouces) et un pour les obusiers (8 pouces). Pour les canons, il élimine les pièces longues (couleuvrines) et refuse les pièces courtes jugées peu fiables. D’une manière générale, ce système se borne à simplifier et à uniformiser les matériels existants. Même cette uniformisation reste néanmoins encore toute relative et n’est pas dépourvue d’inconvénients.
En effet, Vallière fait adopter des pièces utilisables aussi bien pour la campagne que pour les sièges qui cumulent les inconvénients propres à chaque usage.
La charge de poudre est alors égale à la moitié de la masse du boulet. Toujours trop importante, elle sera toutefois enfermée dans un sachet de papier formant une gargousse. Les améliorations apportées par les techniques de fonte permettent de diminuer le vent (espace entre le boulet la paroi interne de tube). Les tubes des bouches à feu sont longs (et donc lourdes) puisque la longueur est fixée à 25 calibres (25 fois le diamètre du boulet tiré par la pièce).
Si les performances balistiques des pièces s’en trouvent sensiblement améliorées, le matériel s’avère trop lourd en campagne et la mobilité de l’artillerie en pâtit.
Matériels :
- Canon de 24 livres
- Canon de 16 livres
- Canon de 8 livres
- Canon de 4 livres
- Canon de 24 livres
- Mortier de 12 pouces
- Mortier de 8 pouces
Système d'artillerie de Gribeauval (1765) - Artillerie de la révolution et de l'Empire
Avec Choiseul, en 1762, Gribeauval est chargé de la réforme de l’artillerie française. Il la répartit en fonction de l’emploi tactique des pièces selon quatre catégories : artillerie de campagne, de siège, de place et de côte. Le matériel de campagne, plus léger et plus solide comprend trois calibres : 12, 8 et 4. L’artillerie de siège et de place comprend des pièces de 12, 16 et 24 livres ainsi qu’un obusier de huit pouces et un mortier de dix pouces.
Ce système, grâce à des techniques de fabrication plus évoluées, permet de réduire le « vent » du boulet et de mieux utiliser les charges de poudre alors qu’une standardisation rigoureuse des fabrications permet l’interchangeabilité des éléments. L’encombrante longueur de l’attelage en file est réduite par l’adoption du timon. La cadence de tir est notablement accélérée en permettant le chargement des pièces à l’aide de cartouches : soit la cartouche à boulet qui comprend un boulet ensaboté et sa gargousse, soit la cartouche à balles dont les projectiles sont disposés sur un plateau de fer et une gargousse. Enfin, un coffre à munition est placé sur l’affût afin de disposer immédiatement de munitions sans avoir à attendre le caisson. Néanmoins à la chute de Choiseul, en 1770, on revient au système Vallière et ce n’est qu’en 1789 que les idées de Gribeauval auront définitivement prévalu. La France possède alors un matériel qui va répondre aux exigences d’une très longue période de guerre et dont les pièces devaient durer jusqu’en 1825.
Les principales caractéristiques du système de Gribeauval
- Les pièces sont spécialisées : canons de campagne;de siège, de place et de côte.
- Les tubes, coulés pleins puis forés, voient le vent diminuer et les performances balistiques augmenter.
- Standardisation des matériels en fixant des marges de tolérances pour tous les éléments du matériel (tubes, affûts, accessoires, etc.). Antérieurement (syst. de M. de Vallière) seuls le calibre des pièces était standardisé. Des instruments de vérification sont mis au point et leur usage largement diffusé.
- Pour certains matériels une munition encartouchée est adoptée. Elle rassemble le projectile, un sabot de bois et la charge propulsive.
- Un seul type de caisson est retenu avec une disposition intérieure variable suivant le calibre des projectiles ou l’usage du caisson.
- Les affûts comportent deux positions (position de tir et position de route) et des avant-trains disposant de grandes roues. La mobilité est accrue.
- L’attelage à la limonière (les chevaux sont formés en file) est abandonné au profit de l’attelage à deux. La longueur des colonnes d’artillerie et la fatigue des chevaux sont sensiblement réduites.
- Adoption de la cheville ouvrière : la crosse de l’affût est munie d’une lunette et repose sur l’avant-train.
- Les canons de campagne sont sensiblement raccourcis. Leur longueur passe de 25 à 18 calibres.
Les pièces d'artillerie du système Gribeauval :
Artillerie de campagne
- Canon de campagne de 12
- Canon de campagne de 8
- Canon de campagne de 4
- Obusier de 6 pouces
- Canon de siège de 24
- Canon de siège de 16
- Canon de siège de 12
- Obusier de 8 pouces
- Mortiers de 12, 10 et 8 pouces
- Canons de 36, 24, 18, 16 et 12 livres (les anciens tubes du syst. de Vallière sont conservés mais placés sur un affût approprié)
- Mortiers